mardi 24 février 2015

Les Dits de la tortue


 


          On nous a donné des tortues d'Hermann. Nos trois pensionnaires sont bien trop jeunes pour hiberner ou être relâchées dans la colline, aussi elles se contentent d'un terrarium, d'une lampe à u.v. pour tout soleil et des herbes que nous leur cueillons. D'âges différents, nous les avons prénommées Hector, Victor et Martha.


Photos de Martha et Victor, Hervé Colard
Victor

Martha
Martha est la plus jeune et aussi la plus  timide et la plus fragile.

Mais le mieux est de leur donner la parole:


Les Dits de la tortue


Je ne suis pas lente,
je réfléchis


Une patte après l'autre
le tout est d'avancer


Je soutiens le monde
mais qui me soutient ?


Ces quelques herbes du jardin, 
pour moi un mets de reine


A quoi bon parler ?
Je me fais comprendre


Toujours au centre
de ce monde circulaire


Gardienne du ciel en Chine, 
déesse de la pluie chez les Maya,
qui me croit encore insignifiante et timide ?


Netsuke en bois, Tortue sacrée, Japon


La voûte du ciel n'est guère plus grande
que celle de ma coquille


Je suis non-violente,
je n'y peux rien c'est ma nature


Dans mon corps gris et sec
je cache une langue rose et charnue


Sous le ciel
et les pattes bien sur terre


Un bouquet de pâquerettes au moins
pour qu'au printemps je sorte de mon terrier


Ils n'ont qu'à venir les élagueurs,
j'ai ma carapace


Les dinosaures je les ai bien connus, 
c'était avant-hier


Ma carapace est peut-être dure
mais mes yeux sont doux


Mon âge ?
Soyez corrects avec une vieille dame


Un rayon de soleil et je m'éveille,
deux rayons et je revis


Ma sagesse est légendaire,
ma lenteur une vue de l'esprit


Parfois une motte de terre
m'est bien plus qu'un Everest


J'ai vu les révolutions s'éteindre et les empires tomber,
je suis toujours à côté


Les dessins de ma carapace
racontent une histoire vieille comme le monde


Quand je marche je marche
quand je mange je mange
What else ?



Tortue marine, Jan Fabre










lundi 16 février 2015

Musée Picasso, Paris




Réouverture de l'hôtel Salé à l'automne 2014, Picasso est à l'aise dans les nouveaux espaces; quelques découvertes d'oeuvres cachées jusqu'alors et partout des regards obsédants.

Toutes sortes de regards...

Au milieu des spectateurs, trône le cadeau de Matisse à Picasso.
Photos, Hervé Colard


Musée Rodin












Le musée Rodin un jour de pluie;


même les jardiniers sont de bronze.

Si Picasso ce sont des regards, Rodin ce sont avant tout des mains,

et la palette de ce qu'elles expriment.
Photos, Hervé Colard







mercredi 11 février 2015

Dilatation dans le blanc

Paul Claudel publie en 1942 "Cent
phrases pour éventails" en hommage
au Japon, à ses haïku et à sa calligraphie.

Le poète-ambassadeur y propose une
typographie originale, cherchant un
équivalent graphique aux idéogrammes et à la mise en espace des haïku japonais.


Un des poèmes enluminé par Riakou Harada

Dans sa préface il écrit: "Laissons à chaque mot, qu'il soit fait d'un seul ou de plusieurs vocables, à chaque proposition verbale, l'espace -le temps- nécessaire à sa pleine sonorité, à sa dilatation dans le blanc.

"Le Poëme lui-même s'inscrit sur deux colonnes parallèles, la marge étant réservée à ce qu'on peut appeler titre ou racine ou exclamation."












dimanche 1 février 2015

Haïku mensuel




1er février 2015

Au plein coeur de l'hiver, quelques touches de couleur vive comme un avant-goût de printemps.
Photo et haïku, Hervé Colard


Février : le mois le plus court, le mois des purifications (du latin februare), le 15 février était le jour des purifications pour les Romains.



Un haïku d'hiver de Katô Gyôdai (XVIII ème siècle) :

A l'aube
soufflent les baleines
dans l'écume givrée

(trad : Atlan et Bianu)