En Provence le printemps tient de l'explosion. Passée la première pâquerette, vous sautent aux yeux toutes les couleurs inimaginables de fleurs, explosent à vos narines toutes les odeurs les plus enivrantes et vous titillent les tympans les pépiements, les bourdonnements rageurs et les chants déchaînés. Les rivières enflent et envahissent les terres.
- Tout ça en quelques jours -
Cerisiers en fleurs
que nous importe l'été ?
le temps peut cesser
Jaune des pascalettes, bleu profond des iris, violet des aphyllantes, mauve des lilas, coassements des rainettes, trilles amoureuses des mésanges, douces effluves des prunus, folle ivresse de la glycine, frôlement des abeilles sous le cerisier et tendresse de la jeune herbe.
Sur ma route
les genêts en fleurs
coup de jaune
Puis l'explosion se contient, la nature se calme, les choses se mettent en place.
Déjà dans la fleur
juste éclose du matin
se cache la pomme
Au vieux bassin la grenouille revient, mais est-ce bien la même ? Les pies tournent autour des nids de passereaux, les pétales des fruitiers sont piétinés et les premiers coings s'arrondissent. Les matins sont frais et les soirs embaumés. Dans les villes jupes et shorts sortent sur les cours, les bars ne désemplissent plus.
Premières chaleurs
aux terrasses des cafés
les vestes tombées
Aux premiers coquelicots c'est déjà l'été.
Photos et haïku, Hervé Colard