L'été, en Provence, s'invite à l'improviste. Qu'on l'attende ou non, il entre même brutalement dans nos demeures, glisse un pied dans l'embrasure de la porte et s'installe durablement. Rideaux et volets se referment pour deux longs mois, voire plus.
Derrière les rideaux
l'été s'étire en baillant
dehors les cigales
Précédé d'averses orageuses et de méchants coups de mistral nul ne l'a vu venir. Pas plus que ces larves de cigales oubliées deux ans sous la terre que l'on retrouve le lendemain accrochées aux branches des pins. Elles n'en descendront plus, comme le mercure bloqué en haut du thermomètre jusqu'en septembre. Tout dans la nature n'est que crissements et stridulations. Les jambes nues s'écorchent aux herbes, les animaux économisent leurs forces et attendent la fraîcheur du soir. Tout devient gris ou bien jaune-paille, en bord de mer bleu et blanc, toujours bicolore; la nuance n'est pas le fort de l'été.
Voûte d'ombre verte
au bout du jardin brûlé
la paix du tilleul
Plus l'été s'enracine plus le ciel devient blanc laiteux, les brumes de chaleur enveloppent le pays et les montagnes reculent. Le moindre vent est attendu comme le sauveur mais il est rare que l'orage éclate. C'est alors une pluie de météorites sur les insectes et des fleuves rougis dévalent vers la mer.
Sous la pluie tendue
le bassin tout frémissant
concert pour poissons
Le raisin se prépare pour la grande libation, le martinet s'est envolé pour d'autres cieux, les touristes repartent et la dernière cigale s'est tue. Cela ressemble à la fin de l'été.
Sur le sol humide
la rencontre d'une figue
et d'un escargot
Photo et haïku, Hervé Colard