lundi 1 juin 2015

Quelques grenouilles et haïku





     Pour les auteurs de haïku japonais la grenouille est un kigo (terme de saison) de printemps et il est vrai que son chant annonce le renouveau de la nature dès le mois d'avril.

     Si l'été elles paressent au soleil le long des étangs et bassins, que deviennent-elles en automne et hiver, disparaissant soudain de notre vue et des poèmes japonais ?
     Le miracle est qu'on les retrouve chaque début avril fidèles à leur poste, exactement au même emplacement que l'an précédent.


     Quant aux haïku, il est difficile de ne pas citer le haïku de Bashô qui est le Fuji du haïku si ce n'est sa Joconde:


Le vieil étang
une grenouille y saute
le bruit de l'eau

     Il a trouvé sa parodie avec Ryôkan :

Le nouvel étang
une grenouille y plonge
pas le moindre bruit

     Mais nous avons en Issa le grand admirateur des grenouilles :

Immobile et sereine
la grenouille fixe
les montagnes

Me contemplant
elle se renfrogne
la grenouille


Pour le mont Fuji
elles coassent
les grenouilles aux culs alignés

Soleil couchant
la grenouille aussi
est en larmes


Qi Baishi

     Sans oublier, respectivement, les haïku de Hôkushi, Jôsô, Oemaru ou Onitsura :

Grenouilles coassantes
comme se poussant du coude
avec leurs cris

A force de fluidité
elle flotte
la grenouille

Le vent tombe
les montagnes sont dégagées
maintenant les grenouilles

Au printemps
les grenouilles chantent
en été elles aboient

   
  Pour finir ces quelques portraits des grenouilles qui ont élu domicile à mon bassin :


     D'autres amours d'anoures:
Photos et haïku, Hervé Colard

Sur le même site à lire sous le libellé Petits riens l'article intitulé "Trois grenouilles plus une", https://plagesdesilence.blogspot.com/search/label/Petits%20riens ainsi que celui de "Grenouilles, portraits et suite" dans Photos.