Pour les auteurs de haïku japonais la grenouille est un kigo (terme de saison) de printemps et il est vrai que son chant annonce le renouveau de la nature dès le mois d'avril.
Le miracle est qu'on les retrouve chaque début avril fidèles à leur poste, exactement au même emplacement que l'an précédent.
Quant aux haïku, il est difficile de ne pas citer le haïku de Bashô qui est le Fuji du haïku si ce n'est sa Joconde:
Le vieil étang
une grenouille y saute
le bruit de l'eau
Il a trouvé sa parodie avec Ryôkan :
Le nouvel étang
une grenouille y plonge
pas le moindre bruit
Mais nous avons en Issa le grand admirateur des grenouilles :
Immobile et sereine
la grenouille fixe
les montagnes
Me contemplant
elle se renfrogne
Pour le mont Fuji
elles coassent
les grenouilles aux culs alignés
Soleil couchant
la grenouille aussi
est en larmes
Sans oublier, respectivement, les haïku de Hôkushi, Jôsô, Oemaru ou Onitsura :
Grenouilles coassantes
comme se poussant du coude
avec leurs cris
A force de fluidité
elle flotte
la grenouille
Le vent tombe
les montagnes sont dégagées
maintenant les grenouilles
Au printemps
les grenouilles chantent
en été elles aboient
Pour finir ces quelques portraits des grenouilles qui ont élu domicile à mon bassin :
D'autres amours d'anoures:
Photos et haïku, Hervé Colard
Sur le même site à lire sous le libellé Petits riens l'article intitulé "Trois grenouilles plus une", https://plagesdesilence.blogspot.com/search/label/Petits%20riens ainsi que celui de "Grenouilles, portraits et suite" dans Photos.