mercredi 25 novembre 2015

Bashô, la "nature créatrice"



          Bashô Poète japonais du 
               XVIIème siècle, l'un des maîtres
               classiques du haïku
          A propos de la nature

"En matière d'art il importe de suivre la nature créatrice, de faire des quatre saisons ses compagnes. Dans ce qu'on voit rien qui ne soit fleur, dans ce qu'on ressent rien qui ne soit lune. Quand dans les formes on ignore la fleur on est pareil à un barbare, quand dans le coeur on ne ressent pas la lune on est de la même espèce que la bête. Pour chasser le barbare, pour éloigner la bête, il faut retourner à la nature créatrice, s'accorder à la nature créatrice."




Propos que l'on retrouve en écho chez Henri Matisse dans une lettre à H. Clifford:
"Un artiste doit posséder la Nature. Il doit s'identifier avec son rythme par des efforts qui lui feront acquérir cette maîtrise grâce à laquelle, plus tard, il pourra s'exprimer dans son propre langage."

Haïku de Bashô:

De quel arbre en fleurs
je ne sais
quel parfum !


La mer s'assombrit
le cri des canards sauvages
est vaguement blanc



La lune et le haïku qui suivent ne sont pas de Bashô:

Photo et haïku, Hervé Colard

Ce rapport à la nature, nous le retrouvons tout au long de la pensée de Michel Onfray, notamment dans son livre Cosmos. Mettant en parallèle culture et agriculture, il oppose à notre civilisation "acosmique" celles encore proches du cosmos comme les Tziganes d'avant la sédentarisation et les églises évangéliques :
"Un rapport sain, apaisé, joyeux, courtois avec soi, les autres et le monde. Voilà vers quoi devrait tendre toute culture. Autrement dit : sortir de la nature qui nous arraisonne à la brutalité, à l'instinct, aux pulsions, mais toutefois conserver autant que possible la vitalité, la santé, le mouvement de toute nature en nous. Dompter l'animal sauvage sans le détruire, le conduire vers la sublimation de ses forces primitives. Sortir du monde des puissances aveugles de la bête et entrer dans l'univers policé des humains sans oublier notre fond commun avec le primate".