Editions l'Amourier
Werner Lambersy
Entre haïku et aphorisme (haïkuphorisme ?), Werner Lambersy, poète contemporain, a écrit un livre sur les carpes. En voici quelques fleurons:
Certains anges
préfèrent des nageoires
Très peu ici
savent encore mon âge
Loin du monde
sous un ciel de nénuphar
Le disciple au maître :
- Quelle élégance !
Le maître au disciple :
- Plouf !
Hiroshige
Pour parler aux carpes,
on invente les fontaines
Au bout de l'infini, il y a sans doute
une carpe qui tourne lentement
Sur chaque écaille,
il y a un de tes noms inconnus
Ciel d'orage
d'un simple coup de queue
Le ciel
toujours à ma seule fenêtre
Pour le rêveur
j'ai dansé l'invisible
Je raconte la même histoire,
le tout est d'écouter autrement
J'aime le pain, quand il tombe
des branches basses d'un enfant
Koinobori, le jour des carpes volantes et des enfants
Ce remous calme d'une présence
vague suffit à bien des âmes
Les carpes ont l'habitude d'écrire
jusqu'au bord de la page
Nager est sans doute
le plus vieux geste du monde
Le poète
écrit; moi, je dessine
L'eau a souvent les idées
plus larges
Et presque chaque mois,
un bain de lune
Hokusaï
Pour boucler le tour de l'étang, un haïku de Mori Sumio,
Dans le mouvement
des grandes carpes
flamboient les sommets d'automne
et trois haïku personnels :
Photos et haïku, Hervé Colard