Mais où sont les neiges d'antan ?
A quelques siècles de nous, François Villon chantait la Ballade des dames du temps jadis, la nostalgie d'un temps révolu.
Sans qu'on la cherche, la NOSTALGIE affleure souvent dans la poésie, la chanson et les haïku. La fin d'une saison en est empreinte, le début d'une autre nous fait regretter la précédente et cette course cyclique est aussi pour nous un compte à rebours.
Le printemps nous fait penser à d'autres printemps passés, l'hiver nous remémore d'autres hivers et la moindre fleur chante déjà sa fin.
NOSTALGIE,
saudade,
blues,
au sens étymologique mal du pays
Quand reverrais-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage !
Joachim DU BELLAY, Heureux qui comme Ulysse
NOSTALGIE,
regret d'une époque révolue
ou d'une enfance idéalisée,
regret d'un Eden rêvé
En ce temps-là la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui
Jacques PREVERT, Les feuilles mortes
Je chante pour passer le temps
Petit qu'il me reste de vivre
Comme on dessine sur le givre ...
... Notre univers n'est plus pareil
J'ai vécu le jour des merveilles
Louis ARAGON, Je chante pour passer le temps
Photos et haïku, Hervé Colard
Si tendre au printemps
la même herbe maintenant
déchire ma peau
NOSTALGIE,
manque d'un temps à venir
Ah! Que le temps vienne
Où les coeurs s'eprennent
Arthur RIMBAUD, Chanson de la plus haute tour
Guettant les bourgeons
aux branches de l'amandier
au coeur de l'hiver
NOSTALGIE,
poids de l'absence,
Jardin de mon père
des primevères partout
qu'il ne verra plus
course du temps
et impermanence.
A guetter les figues
qui chaque jour s'arrondissent
l'été est passé
Et pourtant l'angoisse
d'un temps révolu m'étreint
cerisiers en fleurs
Feuillages dorés
pourquoi faut-il que l'été
meure pour mieux renaître
La bûche qui flambe
c'est un peu de moi qui meurt
dans chaque flammèche
Là où la NOSTALGIE rejoint la mélancolie
D'après A. DURER
Une perle est un temple bâti par la douleur autour d'un grain de sable. Quelle nostalgie bâtit nos corps et autour de quels grains ?
Khalil GIBRAN, Le Sable et l'écume