Le Toucher
Des cinq sens, chacun lié à un organe, le toucher est souvent associé à la main. En fait chaque centimètre carré de peau est un récepteur du toucher. Les paupières par exemple, la peau la plus fine de notre corps.
Sur mes paupières closes
brûlure tendre du soleil
premières cigales
Le haïku suggère dans ses trois tercets la vue, ou l'absence de vue, le toucher, la brûlure du soleil, et enfin l'ouïe avec le chant des cigales.
Sortant du coiffeur
fraîcheur sur mon crâne enfin
solstice d'été
Le crâne lui non plus n'est pas insensible au toucher: la chaleur du soleil, le martèlement des gouttes de pluie, la fraîcheur du vent s'y donne rendez-vous.
Lune pleine
sous mes pieds le sable
sa fraîcheur
De la tête aux pieds, de la Lune à la Terre. Un parallèle se fait entre la pleine lune et la fraîcheur de la plage; sans qu'il n'y ait pour autant lien de cause à effet.
Premières pastèques
collant aux doigts leur sang rouge
coulant du couteau
Toutes les sensations du toucher sont convoquées dans les haïku précédents, fraîcheur et chaleur bien sûr, mais ici aussi l'aspect collant du jus de la pastèque. Qualité qui, avec la couleur évoquée, nous invite à goûter ce fruit du plein été immolé sur la table.
Si tendre au printemps
la même herbe maintenant
déchire ma peau
L'été apporte ses propres sensations. La caresse douce du printemps et des jeunes herbes devient griffure et lacération quelques mois plus tard. On recherche plus que jamais fraîcheur et douceur.
Fraîcheur !
les pieds contre le mur
pendant la sieste Bashô, traduction de H. Collet et Cheng Wing Fun