Associé au pin et à la fleur de prunus le bambou est connu en Chine comme un symbole de l'hiver, un des "Trois amis de l'hiver". Pour les confucéens c'est un des "Quatre hommes de bien" avec l'orchidée, la fleur de prunus et le chrysanthème.
Ces quatre plantes symbolisent l'idéal confucéen, le bambou pour sa droiture et sa tige creuse qui représente l'esprit de tolérance.
La peinture de bambous devient très rapidement un sous-genre reconnu dans l'Asie de l'Est. La représentation de quelques tiges et feuilles, le contraste qu'elles forment avec le fond, le jeu du plein et du vide, les nuances de gris, l'assurance du trait de pinceau, la calligraphie qui l'accompagne tracée du même pinceau, sont l'occasion pour les peintres de montrer leur maîtrise du trait.
Zheng Xie, 18è siècle, contemplant et peignant les bambous nous livre une réflexion sur la création, de l'observation à la sensation, de la sensation à l'interprétation:
"Automne. Pavillon d'eau. Je me suis levé tôt pour contempler les bambous. A travers branches et feuilles serrées scintillent, intimement mêlées, ombre du soleil et lumière de la brume. Je sens monter en moi le désir irrépressible de peindre. Mais je ne tarde pas à comprendre que les bambous jaillis de mon for intérieur ne sont pas ceux que j'ai devant les yeux. Une fois l'encre prête et le papier déployé, je me mets à dessiner : mais cette fois, je constate que les bambous surgis de ma main ne sont plus ceux qui ont jailli dans mon coeur. Ah, que l'Esprit doive précéder le Pinceau, c'est la règle ; mais que l'accomplissement doive dépasser la règle, voilà le mystère de la vraie création." (Traduction François Cheng)