Le goût
Déjà, alors qu'il ne voit encore pas plus loin que le bout de son nez, le nourrisson goûte, et éduque son goût. Pourtant ce sens, qui est un des premiers que nous apprenons à maîtriser, n'est pas courant dans le haïku. Une des raisons en est peut-être la pauvreté du vocabulaire lié au goût; vocabulaire emprunté souvent par défaut à l'odorat ou au toucher.
Brûlure et fraîcheur
du thé au long de la gorge
un souffle de menthe
Et pourtant les occasions d'avoir l'eau à la bouche ne manquent pas.
Belle violette
à le prononcer ton nom
coule sur la langue
Fleurs de la glycine
leurs grappes violettes s'écoulent
comme sucre d'orge
Violettes ou glycines, les fleurs sont souvent appétissantes même si elles ne sont pas toutes comestibles.
Sur le ciel d'automne
constellation de kakis
régal des oiseaux
Bien qu'il soit plus développé chez l'humain, nous partageons ce sens du goût avec beaucoup d'espèces, y compris les oiseaux.
Sur un goût de figue
l'été déjà se termine
papillon d'automne
De plus notre mémoire gustative lie les saveurs aux saisons. Chaque saveur, et leurs combinaisons, rythment notre année. Si pour nous le goût des figues clôt l'été et ouvre l'automne, pour le Japonais Santoka c'est la bouillie de taros qui annonce l'automne.
La chaleur, la saveur
d'une bouillie de taros
l'automne est arrivé traduction H. Collet et Cheng Wing Fun
https://plagesdesilence.blogspot.com/2022/04/5-sens-5-haiku-toucher.html