samedi 5 novembre 2022

5 sens 5 haïku entendre

 




L'ouïe


          Quand la vue est déficiente, quand il fait trop noir pour voir ou quand la frondaison des arbres nous cache la vue des oiseaux, alors l'ouïe devient le sens numéro un.

L'été dès l'aurore
les arbres parlent aux arbres
en langage d'oiseaux

        Encore ne faut-il pas se méprendre.

Un oiseau qui siffle
dans la rue embouteillée
ce n'est qu'un portable

          Entendre est une chose, écouter en est une autre, comprendre en est une autre encore. En tout cas les langues des oiseaux dans les arbres sont bien trop subtiles pour moi.
          Heureusement les sens volent au secours des uns des autres. Là où la température de la fin de l'été ne descend manifestement pas, le bruit seul du vent suffit à la rendre agréable. En un raccourci.

Sous le ciel pesant
le vent juste avant la pluie
est frais à entendre

           Pour entendre il faut savoir prêter l'oreille. "A qui" n'est pas la question mais dans le brouhaha, dans le brouillard de sons qui nous environnent jour et nuit, pointer un micro directionnel virtuel vers tous ces signaux envoyés.

La chute sonore
d'un fruit sur le sol spongieux
kakis sous la pluie

          Il faut aussi savoir entendre le silence. Il est vrai que trop près de la ville le silence se fait rare. Et même quand nous croyons nous en éloigner, des bruits parasites viennent troubler ce "son du silence". 

De l'étang paisible
le coup de feu du chasseur
brise l'harmonie

Ce que Bashô exprime avec humour:

Le bruit de quelqu'un
se mouchant avec les doigts
le prunier en fleurs                         traduction H. Collet et Chang Wing Fun